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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 14:34

Rien ne pouvait me plaire davantage que l'article "Décriptage de décrypteurs" trouvés sur le blog nouvelobs de Pierre Jourde.

 

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 13:59

« Ecrire est sans doute  la chose la plus naturelle pour quelqu’un qui lit depuis « toujours », un prolongement nécessaire » écrivais-je ici il y a peu, et cela m’a rappelé ce que je pourrais appeler « mes premières tentatives littéraires » qui ne furent finalement ni pire ni meilleurse que celles qui leur ont succédé.

 

Dés que j’ai été capable de lire « une histoire », j’ai découvert, inventé même, un nouveau jeu pour mon usage exclusif, me raconter une nouvelle version de l’histoire que je venais de découvrir, une nouvelle version pour laquelle je créais un nouveau personnage, un personnage qui était toujours moi, mais un moi déjà variable, ce « Je » tellement rabâché peut-être.

Ainsi, une lecture pouvait alimenter plusieurs versions pendant plusieurs nuits, car c’est le soir, dans mon lit, que commençait le conte ; et cela, jusqu’à la lecture suivante.

Et j’ai sauvé la chèvre de Monsieur Seguin, mon premier grand chagrin littéraire, j’ai sauvé Jeanne d’Arc et Louis XVI et tant d’autres que j’ai oubliés, j’ai obtenu l’indulgence pour la nièce du général Dourakine, j’ai participé aux jeux des « Bons Enfants », j’ai été une bonne camarade d’infortune pour Oliver Twist et David Copperfield, j’ai été pirate dans les Caraïbes où j’ai redressé beaucoup de torts, j’ai été d’une grande aide pour Jean Valjean que j’ai d’ailleurs épousé, et il ne fut pas le seul… Quelle héroïne je fus !

 

J'ai participé aux exploits des Mousqutaires, ne l'oublions pas.

 

Tout cela, je suppose, n’est pas si original. Tous ceux qui ont lu très jeunes ont certainement inventé le même jeu. Peut-on y voir le premier symptôme de la nécessité de l’écriture ?

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 15:36

Voilà quelques temps, à Zoé qui me suggérait de faire un roman de mes démêlés avec ma mère, je répondais « Je n’ai pas de talent » et cela, je le sais pour avoir, depuis si longtemps que je pourrais dire toujours, entrepris et abandonné des poèmes d’abord, des romans ensuite.

 

Un autre jour, je trouvai sur le blog d’Eric Chevillard :

« Pourquoi vous pas, répondis-je un jour à la sempiternelle question posée aux écrivains – pourquoi écrivez-vous ? – alors que jamais l’on n’enquête sur les motivations pourtant bien curieuses sans doute des quincailliers ou des tondeurs de chiens. Écrire, c’est très simplement tirer quelque chose de ce que l’on voit, de ce que l’on éprouve, de ce que l’on vit, travailler ce matériau brut, reconvertir cette énergie, non pas seulement subir ce qui nous arrive. Alors oui, je reste surpris que la majorité des hommes se passe si aisément d’écrire, et même, je n’en reviens pas. »

 

Cela est sans doute aussi la chose la plus naturelle pour quelqu’un qui lit depuis « toujours », un prolongement nécessaire, ou, peut-être, comme l’a dit Calvino, écrit-on un livre  « pour qu’il puisse être placé à côté d’autres livres, pour qu’il entre sur une étagère hypothétique et, en y entrant, la modifie en quelque manière, chasse de leur place d’autres volumes ou les fasse rétrograder au second rang, provoque l’avancement au premier rang de certains autres ».

 

A suivre?

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 18:26

Hier matin, Lucien et moi l’avons accompagnée pour une visite de contrôle chez son ophtalmo.

Au retour, nous nous sommes arrêtés au restaurant. Pas d’incident avant la fin du repas.

Après les souvenirs habituels, des informations probablement fantaisistes, en tous cas invérifiables sur les habitants de son village—elle ne les voit jamais, elle ne sait rien de la plupart d’entre eux, mais il lui suffit d’une impression, d’un mot insignifiant de sa femme de ménage pour que son imagination construise ce qu’Untel a peut-être dit, probablement pensé, ce qu’il peut avoir fait et pourquoi et pour que cela devienne, presqu’instantanément, ce  qu’Untel a dit, pensé, fait--, elle avait abordé son sujet favori l’incompétence de ses médecins.

 

Nous la laissions dire.

La qualité du repas lui convenait.

Pas de fausse note.

Tout était pour le mieux.

 

C’est vers le milieu du dessert qu’elle demanda mon avis. Elle ne parvenait plus à dater un souvenir.

 

« C’était l’hiver où le froid a été si fort mais je sais que je me trompe toujours sur l’année : j’ai en tête une date et les journalistes en donnent toujours une autre.

--Je sais de quoi tu parles et je vais t’expliquer pourquoi tu as raison et les journalistes aussi. »

C’est évidemment Charlotte qui vient de répondre, Charlotte l’inconsciente  qui devrait savoir qu’elle ne pourra jamais expliquer quoi que ce soit à sa mère, mais qui explique tout de même.

« Les journalistes parlent toujours de l’hiver 54 parce que cet hiver-là a été très rude sur l’ensemble du territoire, mais particulièrement sur le Nord et la région parisienne et toi tu te souviens surtout de l’hiver 56 parce que, dans les régions du Sud, il a été beaucoup plus dur que l’hiver 54.

--…L’hiver de l’abbé Pierre, c’était quand ?

--L’hiver 54 qui a été très dur à Paris.

--Alors, ça devait être en 54, peut-être, mais non, ce n’est pas possible, Gérard allait se marier. 

--Alors, c’est évident, c’était en 56.

--Mais non ! L’hiver 56 a été très doux au contraire. Je me rappelle bien… Voyons, je sais de quoi je parle, c’est en 56, en Octobre 56, que j’ai eu mon accident.

--C’est en Janvier ou Février 56 que nous avons eu une vague de froid.

--Mais non ! L’hiver 56, ma mère était venu habiter chez moi à ma sortie de la clinique  et elle ne cessait de me dire qu’il faisait exceptionnellement doux. Je me le rappelle bien, elle le répétait sans cesse.

--L’hiver après ton accident, c’était l’hiver 57.

L’hiver où il a fait froid, c’était l’hiver 56.

--Mais non ! Tu ne m’écoutes pas. J’ai eu mon accident en Octobre 56, pas en Octobre 57. »

Le ton montait, d’autant plus qu’elle devient sourde et qu’il faut élever la voix pour se faire comprendre. Les voisins commençaient à nous observer.

J’ai décidé de couper court.

« On arrête. On finirait par se disputer. Tu es parfaitement capable de comprendre ce que j’essaie de t’expliquer. Je vais te l’écrire et tu pourras le lire à tête reposée et tu comprendras. »

 

J’ai écris là, sur le calepin qui ne me quittes jamais, les dates de l’hiver 54, les dates de l’hiver 56, insisté sur le fait que l’hiver est presque entièrement au début de l’année, chose qu’elle est très capable de comprendre, j’ai placé la date de son accident, au début de l’automne qui a suivi et non précédé l’hiver 56, j’ai détaché la page du calepin, je la lui ai donnée.

 

 Elle l’a glissée dans son porte-feuille.

 

Elle ne la lira pas.

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 10:26

Zoé vous disait, voilà quelques semaines :

 

"Si vous avez des commentaires à faire sur mes articles des tribulations,

si vous ne savez pas le faire là-bas,

commentez ci-dessous."

 

Vous pouvez continuer, évidemment.

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 06:00

Samedi, comme je rentrais au logis, cheminant sur un des innombrables « chemins de Compostelle », deux moutons attirèrent mes regards. Le minuscule enclos où on les tenait enfermés, la proximité probable de Pâques--proximité que m’avait déjà suggérée le nombre inhabituel de marcheurs à allure de pèlerins que j’avais croisés depuis le matin--, donnaient à penser qu’ils étaient promis au sacrifice pascal.

Cela m’a rappelé cet épisode de ma saga familiale, épisode pour le titre duquel j’hésite entre « Conte Pascal » et « Les nouveaux Atrides »

 

Cette année-là—cela se passe dans les années 50--, mon oncle avait eu l’occasion d’acheter un mois avant Pâques un agneau ou plutôt un jeune mouton.

L’animal était vivant, évidemment. Le voilà donc installé chez ma tante, à la grande joie des enfants qui l’adoptèrent aussitôt.

On le choya pendant un mois. On lui donna un nom, j’ai oublié lequel, nous dirons Emile.

 

Une semaine avant le repas prévu, Emile fut abattu par une personne compétente—j’ignore quelle était la législation en vigueur à cette époque-là--. Emile fut donc abattu.

 

Le dimanche de Pâques, Emile fut servi.

 

Personne ne put en manger la moindre bouchée, ni les enfants, ni ma tante, ni mon oncle.

 

Voilà. C’est tout. C’est peu, mais cette histoire m’attriste toujours quand j’y repense et Samedi, voyant ces deux agneaux sur mon chemin du retour, l’envie me prenait de les libérer.

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 15:08

On vous l'a dit: Charlotte nous a abandonnés.

Lucien pense que c'est provisoire.

Nous verrons.

 

Elle m'a laissé les clefs, si vous préférez les mots de passe de son blog et de l'accès à ses fichiers.

 

Je choisis donc de publier, en l'attendant, quelques ébauches d'articles qu'elle projetait.

 

Nous commencerons par quelques articles sur sa famille, plus exactement sur ses relations avec sa famille.

Inaugurons la série par La Mort de Son Père.

 

Charlotte parlait aussi de sa première véritable rencontre de la mort. Bien que ce texte me paraisse inachevé(je sais ce qu'elle avait à dire sur le comportement de sa mère en cette circonstance), sur  la suggestion qu'elle en faisait elle-même dans un des messages qu'elle nous a laissé avant-hier, je vous le livre ici : Mon grand-père.

 

Entièrement hors saison, voici un Conte de Noël.

 

Oublions ses écrits sur  sa famille naturelle, plusieurs projets se réduisant chgacun à une phrase.

Laissins-la revenir et les compléter si elle le souhaite.

 

Je trouve, sous le titre  "Entretien avec Zoé", ce petit texte :

 

 

Zoé -- As-tu lu mon texte?

Moi -- Evidemment et j'en retiens que ton roman se réduit à ceci :

 

« Le 5 Mai 1943, dans la délicieuse petite ville de ******, Madame Bergeret, accoucha prématurément de deux enfants que l’on prénomma Lucien et Zoé.

Hélas ! Notre naissance tua notre mère.

Le même jour, dans la même ville, naquit Charlotte. »

Et, si j’osais, je te demanderais : « Et alors ? »

 

 

 

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 15:06

Nous sommes au matin du 25 Décembre 1955, le Dimanche 25 Décembre 1955.

Je suis dans ma chambre.

Encore endormie ?

Retardant le moment de me lever ?

Plus probablement, en train de m’habiller pour la messe : c’est Noël et c’est Dimanche.

 

 

Et soudain, je l’entends encore, c’est le  hurlement d’animal blessé—désolée pour l’immonde cliché, mais chaque fois que, par la suite, j’ai lu cette expression dans la « littérature » qui en use, cela n’a pas évoqué pour moi un cri d’animal mais bien l’horreur de ce matin-là--, le hurlement qui nous a tous fait courir à la cuisine où nous l’avons trouvée, hystérique, se tordant les mains, incapable de nous expliquer sa douleur.

 

Elle venait d’apprendre la mort de son plus jeune frère.

« Mort subite »

 

Désespérés, nous l’étions tous.

Il avait 26 ans, un bébé d’un an et c’était Noël.

J’avais 12 ans et encore la naïveté de croire que les catastrophes ne peuvent pas se produire un jour comme celui-là.

 

J’étais désespérée mais le plus urgent c’était de la calmer. Personne n’osait lui parler, ni la toucher, ni la laisser seule à sa douleur.

J’avais 12 ans et la naïveté de croire avoir trouvé le moyen de diminuer sa souffrance.

« Pense comme ce serait plus grave si c’était papa qui était mort ! »

 

Ce regard !

Oh ! J’avais réussi à apaiser ses pleurs ! Effet de surprise sans doute.

Oh ! Ce regard qui signifiait clairement « Mais comment peut-elle être aussi stupide ? », qui signifiait peut-être aussi « Mais je préfèrerais mille fois que ce soit n’importe lequel de vous ! »

Elle a dit, presque calmement : « Laissez-moi seule ! Cela vaudra mieux »

Elle est montée dans sa chambre s’habiller pour rejoindre sa « vraie » famille.

 

Mon père a dit : « C’est gentil ce que tu as dit mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée »

 

Ce dimanche-là, je ne suis pas allée à la messe.

 

 

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 15:08

J’allais avoir cinq ans quand « parrain », celui qui était tout pour moi, celui qui m’idolâtrait,   mon grand-père maternel, est mort.

 

La Mort, je l’avais déjà rencontrée. Quelques mois plus tôt, la sœur de ma mère avait perdu son premier bébé.

Mais c’était la mort d’un nourrisson, une chose qui me restait étrangère.

Cela n’annonçait pas ma propre disparition. Les bébés pouvaient mourir, pas les « enfants ». C’est petit et fragile, un bébé.

Cela ne me laissait aucun vide. Ce n’est pas intéressant, un bébé.

 

Mais mon grand-père, celui qui m’emmenait partout, en visite chez ses sœurs, au jardin, qui me conduisait à l’école, venait m’y rechercher, c’était toute ma vie.

Je l’ai vu, couché, malade, méconnaissable.

J’ai vu les adultes pleurer.

 

Je pense que l’on m’a envoyée  chez mes grands-parents paternels.

 

Quand je suis revenue, parrain n’était plus là.

D’abord, on a éludé mes questions. 

« Il est où, parrain ? »

Il était « à la ville, à l’hôpital, … »,

« Il reviendra quand, parrain ? »

Il reviendrait « demain, la semaine prochaine,… ».

 

Cela a duré  des jours, des semaines peut-être.

J’y croyais de moins en moins. L’idée de la mort, je ne sais comment, sans doute ai-je surpris des conversations, s’imposait.

« Il est mort, parrain ? »

On m’a répondu oui.

Mais la Mort, à cinq ans, c’est un mot, rien de plus.

On vous dit « Il est au ciel, avec les anges ».

On n’avait pas l’air d’y croire vraiment, mais j’ai conservé quelque espoir.

 

Puis quelqu’un, mon père probablement, a décidé de me dire « Non. Il ne reviendra pas »

 

Le temps a passé. J’ai oublié mon chagrin.

 

Et pourtant, revoyant ce passé avec mes yeux d’adulte, une évidence me scandalise.

Ces gens qui m’entouraient, qui ne répondaient pas ou répondaient maladroitement à mes questions, ces gens c’étaient les sœurs de mon grand-père, sa veuve ma grand-mère, ma tante, mes oncles ; ces gens, je les revois ; mais ELLE, elle qui aurait dû penser au chagrin de cette enfant, sa fille, elle est absente de mon souvenir. Elle en est absente, parce qu’elle n’était pas là.

Oh ! Elle n’avait pas disparue.

Obsédée de son propre chagrin, elle ne voyait, ne voulait voir que lui.

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5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 09:26

Pour répondre à AC qui disait hier

« N'ayant toujours pas appris à vous laisser des messages sur votre blog, n'étant vraisemblablement pas seul dans ce cas, je suggère que, pour le temps de votre occupation de ces lieux, vous nous autorisiez à commenter ici les "tribulations de Zoé".
Pourrons-nous?
 »

 

Si vous avez des commentaires à faire sur mes articles des tribulations,

si vous ne savez pas le faire là-bas,

commentez ci-dessous.

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