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10 octobre 2016 1 10 /10 /octobre /2016 07:27

En allant chercher ma mère, la semaine dernière, nous nous sommes arrêtés pour déjeuner à S. comme chaque fois que nous allons la voir.

Comme toujours, le restaurant où nous avons nos habitudes et la ville de S. ont remué de vieux souvenirs, des nostalgies, tout un entrelacs de sentiments difficile à démêler.

Ici, je souhaite ouvrir une parenthèse.

J’avais écrit dans un premier temps « tout un entrelac de sentiments… ».

Mon correcteur d’orthographe m’ayant imposé entrelacs, je suis allé consulter mon dictionnaire favori en ligne qui me dit ceci :

« B.− P. anal. Réseau formé de fils, de branches, se croisant les uns les autres. Frédéric la saisissait [la main], doucement; et il contemplait l'entrelacs de ses veines, les grains de sa peau, la forme de ses doigts (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 91).Le ciel limpide parmi les entrelacs de la vigne et des roses (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, 1343).
− Au fig. Enchevêtrement, imbrication. Si vous vous donniez la peine d'embrasser cet ensemble, vous tireriez de l'entrelacs de tant de faits grands et petits de bien frappantes conclusions (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 150).Je connais si bien le réseau nerveux, l'entrelacs de mes défauts et de mes qualités! (Du Bos, Journal,1926, p. 32):
3. L'entrelacs des intérêts privés, collectifs et étatiques et la compénétration de la recherche, des études et des réalisations défie toute procédure d'imputations. Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 272.
Rem. Le sing., rare au xixes., semble apparaître pour les 1resfois chez Gobineau (loc. cit.) et Flaubert (loc. cit.). La généralisation de l'emploi du composé au sing. a posé le problème orth. de l's final; la graph. entrelac reste exceptionnelle : l'entrelac de leurs esprits (Bloy, Désesp., 1886, p. 26). Tout cet entrelac de joie, de douleur, de haine, d'amour (Kahn, Conte or et sil., 1898, p. 125). Il ne reste à mon cœur que l'entrelac de ces mains ingénues (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 24).

J’ai donc obéi à mon correcteur d’orthographe.

Fermons la parenthèse.

« Et la pointe BIC dans tout ça ? » me dira-t-on.

J’y viens.

Je ruminais mes vieux souvenirs.

Je ruminais un article sur le sujet quand nous sommes arrivés chez ma mère.

Je ruminais encore quand nous l’avons amenée chez nous.

Je ruminais toujours quand nous attendions son passage chez l’ophtalmo.

Je ruminais en lui prêtant une oreille distraite au restaurant….

Puis, ma sœur est venue se joindre à nous et, au hasard d’une conversation à bâtons rompus, en comparant les souvenirs de nos premières années d’internat, en mesurant la différence entre les conditions qui furent les nôtres à trois ans d’écart—1953 pour moi, 1956 pour ma petite sœur--…

…en poursuivant seule cette réflexion sur les changements intervenus dans les années 50…

…mon attention s’est concentrée sur ce que nous pourrions considérer comme le symbole de cette « révolution » :

LA POINTE BIC.

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 15:44

Il a suffi d’un texte, lu un peu par hasard, pour que ressurgissent les sapins de mon enfance, les « sapins de chez Pujo ».

Nous disions « les sapins », peut-être s’agissait-il de quelque autre conifère; là n’est pas la question.

J’entends à nouveau les sanglots des sapins du grand parc sur lequel donnait directement la chambre qui devint la mienne l’été de mes cinq ans.

Chaque nuit de grand vent, c’était tout un sabbat qui me terrorisait et m’envoyait chercher refuge au plus profond de mon lit, cris et gémissements de fantômes, hurlements de damnés, imprécations de sorcières, avant de devenir avec le temps chant familier, plutôt apaisant, berceuse même…

Ces mêmes gémissements, je les ai entendus à ma première rencontre des « sanglots longs des violons… »

Le bruit de la forge de Monsieur S., le premier bruit entendu au petit matin de chaque jour, sauf le dimanche, de mes cinq premières années, un bruit qui emplissait la chambre mais ne m’empêchait pas de me rendormir, ne m’avait pourtant jamais effrayée.

C’était un bruit familier, un bruit sans mystère.

En revanche, j’avais grand peur du forgeron que je pouvais voir à son poste de travail, juste de l’autre côté de la rue, quand je sortais devant notre porte.

Je savais bien pourtant que derrière le masque impressionnant, ce n’était que Monsieur S., un brave homme que mon grand-père appelait Baptiste…

Évoquant les sapins, me voici revenue à la forge, de la forge je sauterais volontiers au vieux tram qui passait avec fracas presque au ras de notre façade à M. en secouant les casseroles de ma grand-mère et puis, pourquoi pas, à la sirène de l’usine qui rythma mon enfance, à la scierie de Jean L., aux chiens et aux coqs des voisins, au train que nous allions voir passer à M. et qui passait à quelques centaines de mètres seulement de la maison à C., le train qui m’a représenté si longtemps un trait d’union entre mes deux vies et à tous les autres bruits de mon enfance que je n’entendrai plus jamais.

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 13:56

Voilà quelques jours qu’à propos de tournesols Lucien évoquait l’idée fausse qui nous en avait été donnée par notre vieille institutrice.

Croyait-elle naïvement que la fleur de tournesol était animée d’un mouvement diurne ?

Avions-nous forgé nous-même cette image ?

Là n’est pas la question.

Ce souvenir m’a rappelé une anecdote que mon père nous contait chaque fois qu’il voulait illustrer son mépris du corps enseignant--mépris qui n’atténua pas sa fierté de voir ses filles devenir prof de Lycée—

Quand mon grand-père paternel est revenu « au pays » avec une épouse espagnole qui connaissait trois mots de français et un fils de treize ans qui n’en connaissait guère plus, l’institutrice du village était déjà celle qui devait me conduire vingt ans plus tard aux portes de l’enseignement secondaire.

Le métier de mon grand-père les avait fait voyager dans toute l’Espagne mais les cinq dernières années, les années à Malaga, étaient évidemment celles qui avaient le plus marqué le jeune adolescent faisant pour nous à jamais de Malaga une ville mythique.

À Malaga, mon père avait connu la mer, le port, les grands paquebots, le rêve…

Ce furent probablement les seules années de bonheur qu’il ait connues.

Mon père avait donc vu de ses yeux des bateaux…

Quand l’institutrice leur a parlé, incidemment, de bateaux en bois, mon père a osé affirmer que les bateaux modernes étaient en acier.

« Impossible,J… ! Ils couleraient ! »

Je ne saurais dire s’il a insisté pour faire valoir son point de vue, si le mari de l’institutrice l’a détrompée…

Peu importe après tout.

Ce n’était rien qu’une anecdote familiale, un simple souvenir de mon père…

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 14:18

Résumé de l'épisode précédent :

 

I J'avais vu sur eBay ceci :

$(KGrHqMOKpwE25f+RBUyBN1oyZ463w~~ 12

 $(KGrHqYOKkYE3RnBYMZ1BN1oy6V!8Q~~ 12

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hélas! Les enchères étaient closes

 

 

 

 

 II Le lendemain, j'ai trouvé sur Price Minister cet exemplaire, visiblement moins bien conservé :

 

877291965

877291966

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 877291969

877291971

 

III Je l'ai commandé.

 

Et maintenant

 

Il est à moi depuis trois jours.

 

C'était bien lui!

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 18:12

Je ne sais si tout le monde se rappelle sa première lecture autonome ; je veux parler du premier livre lu du premier au dernier mot, seul ou à la rigueur avec l’aide ponctuelle d’un grand pour un mot encore un peu trop compliqué.

Pour moi, j’avais conservé le souvenir d’un titre Cloclo le Lion et d’un animal en cage.

Je me rappelle l’avoir lu chez ma grand-mère, vraisemblablement quelques mois avant mes six ans—je me réfère à la tradition familiale datant la fin de mon apprentissage de la lecture--, je sais que je n’ai pas eu l’occasion de le relire ; mes soupçons se portent sur mon petit cousin qui devait avoir une dizaine de mois alors et dont la mère, fatiguée par une nouvelle grossesse déjà avancée, n’avait probablement pas le courage de contrarier le petit.

 

Ce matin, ma petite histoire avec Lucien résolue à la satisfaction générale, je me sentais quand même un pu nostalgique et j’ai lancé sur Google la recherche Cloclo le Lion.

À mon immense stupéfaction, j’ai trouvé sur eBay L’histoire de Cloclo.

$(KGrHqMOKpwE25f+RBUyBN1oyZ463w~~ 12

 

$(KGrHqYOKkYE3RnBYMZ1BN1oy6V!8Q~~ 12

Hélas ! Il avait été mis aux enchères en Mai. Il n’avait pas trouvé acquéreur mais n’était plus en vente.

 

J’ai cherché les références du vendeur. Munie de son adresse mail, je préparais un message pour lui demander des nouvelles de mon lion.

 

Cet après-midi, à tout hasard, j’ai cherché sur Price Minister.

 

Je l’ai trouvé !

Je l’ai commandé !

Je l’aurai !

 

 

Et puis….

J’ai cherché une édition ancienne de l’espiègle Lili que je lisais peu avant mon entrée en sixième chez une voisine qui conservait les lectures de sa fille …

Mais c’est une autre histoire.                            

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 12:18

J’avais entre 9 et 10 ans, j’étais au Cours Moyen deuxième année--on ne disait pas CM2 en ce temps-là--.

Si je peux préciser la date, c’est parce que cette année-là le bibliobus s’installait devant l’école du village.

Parmi les livres que j’ai empruntés, il ne me reste le souvenir que de trois titres :

Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou, Les Misérables de Victor Hugo, Hirondelles et Amazones.

 

C’est parce que j’avais alors fort aimé Mme Sans-Gêne que j’en ai regardé, voila quelques soirs, une représentation à la télé. Passons sur la prétentieuse nullité de cette interprétation. La pièce elle-même est d’une affligeante médiocrité.

Mais ce ne fut pas une surprise.

 

J’avais aimé passionnément Les Misérables. J’ai longtemps hésité à les relire.

C’est chose faite. J’aime encore.

 

Hirondelles et Amazones était un roman d’aventures « pour filles ».

Si je me souviens bien, il s’agissait de rivalité entre deux groupes de gamines naviguant sur de véritables voiliers.

J’étais fascinée. C’est à cette lecture que ma petite sœur doit, sans le savoir, le diminutif qui lui est longtemps resté.

Celui-là, je pensais ne jamais avoir l’occasion de le relire.

J’ai cherché sur Abebooks. J’en ai trouvé UN exemplaire aux Etats-Unis au prix d’une édition originale de Jules Verne.

Tant pis. Il est commandé.

 

 

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 06:00

Samedi, comme je rentrais au logis, cheminant sur un des innombrables « chemins de Compostelle », deux moutons attirèrent mes regards. Le minuscule enclos où on les tenait enfermés, la proximité probable de Pâques--proximité que m’avait déjà suggérée le nombre inhabituel de marcheurs à allure de pèlerins que j’avais croisés depuis le matin--, donnaient à penser qu’ils étaient promis au sacrifice pascal.

Cela m’a rappelé cet épisode de ma saga familiale, épisode pour le titre duquel j’hésite entre « Conte Pascal » et « Les nouveaux Atrides »

 

Cette année-là—cela se passe dans les années 50--, mon oncle avait eu l’occasion d’acheter un mois avant Pâques un agneau ou plutôt un jeune mouton.

L’animal était vivant, évidemment. Le voilà donc installé chez ma tante, à la grande joie des enfants qui l’adoptèrent aussitôt.

On le choya pendant un mois. On lui donna un nom, j’ai oublié lequel, nous dirons Emile.

 

Une semaine avant le repas prévu, Emile fut abattu par une personne compétente—j’ignore quelle était la législation en vigueur à cette époque-là--. Emile fut donc abattu.

 

Le dimanche de Pâques, Emile fut servi.

 

Personne ne put en manger la moindre bouchée, ni les enfants, ni ma tante, ni mon oncle.

 

Voilà. C’est tout. C’est peu, mais cette histoire m’attriste toujours quand j’y repense et Samedi, voyant ces deux agneaux sur mon chemin du retour, l’envie me prenait de les libérer.

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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 16:19

En ce temps-là, nous vivions chez ma grand-mère qui tenait le café-bar-tabac du village.

Souvent, plus particulièrement le Samedi, nous étions régalés de concerts de pochards, concerts improvisés où revenait invariablement, parmi d’autres classiques de la tradition pyrénéenne, celui-ci que je transcris comme je l’entendais alors:

 

Montagnes Pyréné-é-eu

Vous êtes mes za-amours

(Chœur) Oui ! Mes zamours

Cabane fortuné-é-eu

Je t’aimerai tou-oujurs

(Chœur) Oui ! Oui ! Toujours

Rien n’est plus beau que ma patri-i-eu

Rien ne plait tant à mon ami-i-eu

Ô montagnards !

(Chœur) Ô montagnards !

Chantez en chœur !

(Chœur) Chantez en chœur !

De mon pays, de mon pays, la paix et la douceur

 

(Très doux en choeur)

La la lala lala

La la-a-la la-a-la

La la lala lala

La la-a-la la-a-la

 

(Pause, puis, brusque et puissant :)

 

Attila ! Attila ! Attila !

Les montagnards, les montagnards

Attila ! Attila ! Attila !

Les montagnards sont là

Les montagnards, les montagnards

Les montagnaaaaaaaaaaaaaaards sooooooooooooont là

 

Applaudissements, rires et bruit de verre

 

Voilà, transcris au mieux, ce que je comprenais.

Pourquoi pas Attila ?

Halte-là vous parait tellement plus logique ?

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