En allant chercher ma mère, la semaine dernière, nous nous sommes arrêtés pour déjeuner à S. comme chaque fois que nous allons la voir.
Comme toujours, le restaurant où nous avons nos habitudes et la ville de S. ont remué de vieux souvenirs, des nostalgies, tout un entrelacs de sentiments difficile à démêler.
Ici, je souhaite ouvrir une parenthèse.
J’avais écrit dans un premier temps « tout un entrelac de sentiments… ».
Mon correcteur d’orthographe m’ayant imposé entrelacs, je suis allé consulter mon dictionnaire favori en ligne qui me dit ceci :
« B.− P. anal. Réseau formé de fils, de branches, se croisant les uns les autres. Frédéric la saisissait [la main], doucement; et il contemplait l'entrelacs de ses veines, les grains de sa peau, la forme de ses doigts (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 91).Le ciel limpide parmi les entrelacs de la vigne et des roses (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, 1343).
− Au fig. Enchevêtrement, imbrication. Si vous vous donniez la peine d'embrasser cet ensemble, vous tireriez de l'entrelacs de tant de faits grands et petits de bien frappantes conclusions (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 150).Je connais si bien le réseau nerveux, l'entrelacs de mes défauts et de mes qualités! (Du Bos, Journal,1926, p. 32):
3. L'entrelacs des intérêts privés, collectifs et étatiques et la compénétration de la recherche, des études et des réalisations défie toute procédure d'imputations. Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 272.
Rem. Le sing., rare au xixes., semble apparaître pour les 1resfois chez Gobineau (loc. cit.) et Flaubert (loc. cit.). La généralisation de l'emploi du composé au sing. a posé le problème orth. de l's final; la graph. entrelac reste exceptionnelle : l'entrelac de leurs esprits (Bloy, Désesp., 1886, p. 26). Tout cet entrelac de joie, de douleur, de haine, d'amour (Kahn, Conte or et sil., 1898, p. 125). Il ne reste à mon cœur que l'entrelac de ces mains ingénues (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 24).
J’ai donc obéi à mon correcteur d’orthographe.
Fermons la parenthèse.
« Et la pointe BIC dans tout ça ? » me dira-t-on.
J’y viens.
Je ruminais mes vieux souvenirs.
Je ruminais un article sur le sujet quand nous sommes arrivés chez ma mère.
Je ruminais encore quand nous l’avons amenée chez nous.
Je ruminais toujours quand nous attendions son passage chez l’ophtalmo.
Je ruminais en lui prêtant une oreille distraite au restaurant….
Puis, ma sœur est venue se joindre à nous et, au hasard d’une conversation à bâtons rompus, en comparant les souvenirs de nos premières années d’internat, en mesurant la différence entre les conditions qui furent les nôtres à trois ans d’écart—1953 pour moi, 1956 pour ma petite sœur--…
…en poursuivant seule cette réflexion sur les changements intervenus dans les années 50…
…mon attention s’est concentrée sur ce que nous pourrions considérer comme le symbole de cette « révolution » :
LA POINTE BIC.