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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 15:44

Il a suffi d’un texte, lu un peu par hasard, pour que ressurgissent les sapins de mon enfance, les « sapins de chez Pujo ».

Nous disions « les sapins », peut-être s’agissait-il de quelque autre conifère; là n’est pas la question.

J’entends à nouveau les sanglots des sapins du grand parc sur lequel donnait directement la chambre qui devint la mienne l’été de mes cinq ans.

Chaque nuit de grand vent, c’était tout un sabbat qui me terrorisait et m’envoyait chercher refuge au plus profond de mon lit, cris et gémissements de fantômes, hurlements de damnés, imprécations de sorcières, avant de devenir avec le temps chant familier, plutôt apaisant, berceuse même…

Ces mêmes gémissements, je les ai entendus à ma première rencontre des « sanglots longs des violons… »

Le bruit de la forge de Monsieur S., le premier bruit entendu au petit matin de chaque jour, sauf le dimanche, de mes cinq premières années, un bruit qui emplissait la chambre mais ne m’empêchait pas de me rendormir, ne m’avait pourtant jamais effrayée.

C’était un bruit familier, un bruit sans mystère.

En revanche, j’avais grand peur du forgeron que je pouvais voir à son poste de travail, juste de l’autre côté de la rue, quand je sortais devant notre porte.

Je savais bien pourtant que derrière le masque impressionnant, ce n’était que Monsieur S., un brave homme que mon grand-père appelait Baptiste…

Évoquant les sapins, me voici revenue à la forge, de la forge je sauterais volontiers au vieux tram qui passait avec fracas presque au ras de notre façade à M. en secouant les casseroles de ma grand-mère et puis, pourquoi pas, à la sirène de l’usine qui rythma mon enfance, à la scierie de Jean L., aux chiens et aux coqs des voisins, au train que nous allions voir passer à M. et qui passait à quelques centaines de mètres seulement de la maison à C., le train qui m’a représenté si longtemps un trait d’union entre mes deux vies et à tous les autres bruits de mon enfance que je n’entendrai plus jamais.

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