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16 mai 2016 1 16 /05 /mai /2016 15:57

Quand, née Charlotte Binette, je suis devenue Charlotte Bergeret en épousant Lucien je n'en fus guère gênée. Je ne regrettais pas Binette.

Que mon fils se nommât Bergeret plutôt que Binette ne m'atteignit pas davantage.

Mais quand, des années plus tard, à la naissance de notre premier petit-fils, ma belle-mère prononça naïvement, comme si la chose allait de soi : "Et maintenant, il faudra savoir si c'est un Bergeret ou un Charpentier", ma disparition définitive me devint évidente.

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21 mars 2016 1 21 /03 /mars /2016 19:18

Ma mère revient chez nous dans deux jours, comme chaque fois je suis un peu angoissée mais cela ne parait pas expliquer l’étrange rêve de cette nuit.

Voici l’affaire :

Je marchais accompagnée de trois personnes : deux inconnues très jeunes et la mère de mon compagnon.

Les jeunes femmes nous encadraient.

Je portais ma belle-mère dans mes bras.

Je la portais comme on fait d’un enfant que l’on berce, comme je portais il n’y a pas si longtemps mon chat Sidonie; je dois dire que ce qui était ou que je prenais pour ma belle-mère ne tenait guère plus de place qu’un nourrisson.

Si je me fie au souvenir qu’il m’en reste, cela ne ressemblait ni à un nourrisson ni le moins du monde à ma belle-mère mais plutôt à une grande boite à chaussure munie de quatre pattes qui auraient aussi bien pu être celles de mon chat et d’une tête blanche de vieille dame.

D’où venions-nous ? Où allions-nous ? Je ne saurais dire.

Il importait d’aller où nous allions mais cela, si je me souviens bien, ne nous inquiétait pas.

Nous avons dû franchir un passage très difficile. Une de mes jeunes compagnes s’est chargée de mon fardeau et j’ai franchi seule l’obstacle.

La difficulté vaincue, nous nous sommes assises pour nous reposer un instant.

C’est alors que ma belle-mère a prononcé très clairement : «Pour la sodomie, je ne LE culpabilise plus ».

Grande fut ma surprise et le sursaut de ma voisine de gauche spectaculaire.

Là-dessus, je me suis réveillée.

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18 février 2016 4 18 /02 /février /2016 14:15

On l’aura compris, ma mère avait, au moins dans sa sphère d’influence, une autorité dont elle était peut-être la première surprise mais dont elle admettait l’existence avec une expression dont elle usait volontiers et que je n’ai jamais entendue dans le sens qu’elle lui donne chez nul autre.

Elle dit « JE L’AI », pas un mot de plus, et, selon le contexte, tout le monde comprend qu’elle possède par essence, par don divin peut-être ou parce qu’une bonne fée s’est penchée sur son berceau, la vertu dont elle vient de parler, l’autorité par exemple.

Son autorité, je l’ai longtemps admise sans me demander d’où elle pouvait la tenir ; je l’admettais en silence, dans mon enfance, la subissant passivement ; je l’admettais encore, très jeune adolescente à cet âge que l’on dit bête, même si je revendiquais une liberté que l’on s’obstinait à ne pas m’accorder, même si je n’hésitais plus à l’affronter ; je l’admettais aussi devenue cette « sale fille qui faisait ses sales coups en douce »--elle ajoutait parfois »comme son père »-- ; je l’admettais toujours quand, mariée très jeune, je suis partie le plus loin possible de la maison et je l’admets peut-être encore un peu, alors que je pense avoir analysé les causes de l’impuissance qui fut la nôtre.

Non ! Ma mère ne détenait aucun don, aucun pouvoir de droit divin, nulle fée ne s’était penchée sur son berceau. Ma mère tyrannisait son monde depuis toujours sans même une conscience complète des ressorts de son pouvoir sur les autres.

(à suivre : avec un peu de psychologie à deux balles, ma version des causes de ma soumission et des origines de cette extraordinaire autorité)

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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 17:42

« Je n’ai jamais à élever la voix, je n’ai pas besoin de punir… Elles font ce que je leur demande… Elles sont dociles. Elles sont comme ça ! » répondait ma mère à ceux qui s’étonnaient de notre sagesse exemplaire.

Pour elle, les choses et surtout les gens « étaient comme ça ».

On ne devenait pas, on « était » de la naissance à la mort ; l’hérédité expliquait tout.

Si Charlotte était un peu « renfermée », c’est parce qu'elle était comme son père.

Nous étions dociles.

Elle ajoutait parfois : « J’ai de l’autorité… Je ne pourrais dire d’où cela me vient, c’est comme ça »

(Notons qu’elle n’a jamais dit « Je suis autoritaire »)

Elle avait de l’autorité, c’est indéniable.

Personne ne lui résistait.

Au début, on ne se demande pas pourquoi.

On sait que l’on doit obéir ; on doit écouter les adultes c’est-à-dire maman, monsieur le Curé et l’institutrice—pour l’enfant que je fus « écouter» les adultes signifiait leur obéir-- ; on obéit.

On convoite les fraises vues à l’étal de quelque marchand ambulant, d’admirables bonbons imitant exactement les fruits véritables, mais parce qu’elle a refusé quand on lui a demandé d’en acheter on pourra passer cent fois devant leurs pareilles on ne demandera plus ; on sait qu’il est inutile d’insister.

Il peut arriver parfois que la petite sœur, insistant malgré tout, pleurnichant un peu, obtienne gain de cause, mais c’est un bébé ; Charlotte est grande et doit montrer l’exemple.

Plus tard, on n’acceptera plus.

On constatera que les copines ont plus de liberté.

On trouvera les décisions de maman injustes.

Un jour, à l’occasion d’une journée sans elle, une sortie de classe par exemple, on s’offrira avec son argent de poche de ces fraises en sucre dont on a rêvé si longtemps et qui, finalement, n’étaient pas si merveilleuses…

Plus tard, un autre jour de liberté, on achètera un disque de Brassens et on découvrira, un peu désappointée, qu’elle trouve le choix excellent. Plus tard encore, ce sera le premier paquet de cigarettes… Des Camel…

On n’acceptera plus.

On l’affrontera.

Ce sera le temps de la révolte, le temps où la petite fille modèle sera devenue la « raisonneuse » puis la « sale fille ».

On se révoltera mais on ne se demandera pas encore comment, sans cris, sans coups, sans punition d’aucune sorte, elle avait pu obtenir de moi si longtemps ce que l’on peut appeler une soumission absolue.

(à terminer prochainement)

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6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 15:52

« Je ne sais pas comment tu fais ! »disait sa sœur qui ne parvenait que très rarement à se faire obéir.

« Je ne fais rien de spécial… Je n’ai jamais à élever la voix, je n’ai pas besoin de les punir… Elles sont dociles. Elles sont comme ça ! »

C’est, avec quelques variantes, ce que je pouvais entendre à chacune de nos visites chez ma tante.

On ne se gênait pas devant moi ; j’étais si raisonnable, déjà si "grande personne"…

J’étais « réfléchie » selon le mot de madame D. qui s’exprimait volontiers comme les héroïnes de la Comtesse de Ségur ; ma mère en avait été flattée.

Vous connaissez les Petites Filles Modèles ? Camille de Fleurville, c’était moi.

J’étais docile et ma petite sœur qui me prenait en tout pour modèle l’était par imitation.

Plus tard, pensionnaire, découvrant un autre monde que la cellule familiale, je deviendrais « raisonneuse », voire « sale raisonneuse » quand je mettrais en doute ses évidences, puis « sale fille »--l’adjectif « sale » paraissait être pour elle le nec plus ultra de l’épithète péjorative—quand je commencerais à m’intéresser aux garçons, mais, à l’époque dont je veux parler ici, cette période de ma vie que je nomme mon enfance, le temps d’avant mes dix ans, j’étais l’enfant sage dont toutes les mères rêvent.

Je l’étais au moins en apparence.

« Que pense cette enfant qui parle si peu? »

L’ai-je entendue cette question !

Je ne connais pas la réponse.

Pour ma mère et ma grand-mère paternelle, cette enfant était « comme son père ».

Voilà qui réglait tout.

Pour ma grand-mère maternelle, cela ne semblait pas si évident, mais elle n’aurait jamais osé contredire sa fille.

Donc, j’étais une enfant facile, docile, réfléchie ; mes résultats scolaires étaient excellents ; je préférais la lecture aux jeux bruyants de mes camarades ; j’étais comme ça et voilà tout.

(à continuer si j'en trouve le courage)

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31 janvier 2016 7 31 /01 /janvier /2016 08:41

Elle disait souvent, particulièrement à ma tante, sa sœur, dont la nombreuse marmaille était, selon ses termes, intenable, horrible mot quand on y pense, révélant crument sa conception de l’éducation des jeunes enfants, elle disait souvent : « Je ne peux pas dire comment, cela se fait naturellement, je ne crie jamais, je ne les ai jamais frappées, elles font ce que je leur dis de faire ! »

C’était vrai.

Elle ne criait pas, elle ne nous a jamais frappées, mais ma petite sœur et moi savions depuis toujours l’inutilité de toute résistance quand elle avait donné un ordre, l’inutilité de toute insistance quand elle avait dit « Non ! » ; nous étions des enfants sages ou, mieux encore, les petites filles modèles.

L’aimions-nous ? Je ne saurais dire.

Nous l’aurions soutenue contre quiconque aurait osé la critiquer devant nous.

Pour cela, je détestais ma grand-mère paternelle.

L’aimions-nous vraiment ? Oui sans doute ! Comme tous les jeunes enfants aiment leurs pères et mères, parce qu’il n’y a pas d’autre choix possible…

Cette question, je me la pose encore.

Elle est irritante, exaspérante, égocentrique, souvent vexante.

Elle ne supporte toujours pas la contradiction : elle est encore capable de m’accuser d’impertinence quand je ne partage pas son point de vue ; elle se souvient toujours de tout beaucoup mieux que tout le monde : elle se rappelle mieux que moi les circonstances de telle aventure que j’ai vécue sans elle et que, dans un de mes rares moments de confiance, je lui ai rapportée il y a longtemps déjà ; elle sait précisément quelles étaient vos pensées à telle occasion et, si vous affirmez que ce n’était pas exactement cela, au mieux votre mémoire est défaillante ; elle échafaude à partir de riens des théories ahurissantes, dont elle est la seule à percevoir la logique et qu’il est inutile de discuter si l’on veut éviter l’affrontement…

Elle a toujours le dernier mot.

Elle est insupportable et pourtant je redoute de la voir disparaitre…

Il reste, je suppose, un fond de tendresse pour la très jeune femme qui était tout pour moi quand j’étais un bébé ; il y a surtout une grande pitié pour la très vieille dame qu’elle est devenue…

Au début, on ne se pose pas la question.

C’est comme ça… C’est tout…

(à continuer si j’en trouve le courage)

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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 07:25

BONNE ANNÉE !

Que dire de plus?

Bonnes lectures!

Bonnes lectures!

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18 décembre 2015 5 18 /12 /décembre /2015 12:53

Le 13 Juillet 2014, j'écrivais : "Ce matin, libellules à ailes noires, jamais vues encore par aucun de nous deux, en grand nombre, sur la rigole de la plaine, vers la ferme aux deux chevaux et à l'âne."

Depuis ce temps, il y a trois autres chevaux au moins.

Nous n'avons pas revu en 2015 les libellules noires.

Pas davantage le martin-pêcheur.

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17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 14:05

C'est dit! Je vais m'intéresser à nouveau à ce blog.

Pour commencer, un peu de lecture :

cliquer ici

.

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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 17:38
DEHORS les pubs

Je passais par là

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