« Cette enfant n’a pas de cœur ! »
Combien de fois ai-je entendu cette phrase.
« Cette enfant », c’était moi.
Qui m’accusait?
Les tantes de mon père, à coup sur.
Ma mère ? Je ne crois pas. Ni sa famille. Non.
C’était la famille adverse qui me reprochait cette absence …
Absence de quoi, au fait ?
Ils disaient aussi « Elle est indifférente à tout ». Cela était peut-être vrai.
J’ai longtemps pensé être un monstre.
Peut-être en suis-je un.
C’est probablement l’évidence de cette indifférence à ma mère qui fait que je ne peux rien raconter de son dernier passage chez moi, passage pourtant bien plus éprouvant que les précédents.
Il est trop difficile d’admettre « Je n’aime pas ma mère. Je ne puis pourtant la chasser de ma vie comme je ferais d’un voisin importun parce que je suis attachée à une personne qui n’a, je le sais, jamais existé, la mère parfaite que j’ai cru avoir dans ma petite enfance »